Galaxie 091 by Collectif

Galaxie 091 by Collectif

Auteur:Collectif
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: OPTA
Publié: 2014-02-01T05:00:00+00:00


3

Deux semaines dans cette ville française lui avaient permis de remettre ses esprits en bon ordre. Dieu seul savait comment Richard lui avait trouvé cet hôtel : l’Auberge Basque, C’était sûrement trop petit pour être sur aucun guide de voyage : une petite affaire de famille d’une douzaine de chambres, le bar au zinc traditionnel et un petit restaurant. M. Vidal, le propriétaire, était un homme svelte qui fumait des cigarettes brunes avec un fume-cigarette qu’il portait toujours à un angle altier. Il s’en séparait à intervalles pour servir les repas qui démentaient son apparence ascétique.

L’auberge avait gardé son style local. Dans un monde international, elle avait conservé sa vieille saveur française. Cet endroit avait sans doute été une des premières stations balnéaires internationales – certains vieux bâtiments portaient encore des noms anglais – mais l’eau avait passé sous les ponts sans que peu ne changent. Les gratte-ciel avaient poussé là en nombre restreint.

C’était en septembre, mais cela semblait moins évident là, car tout le monde était bronzé. Les habits d’été semblaient être toujours les mêmes : ils ne froissaient pas la vue comme ces accoutrements bizarres que l’on rencontrait à New York.

Il passait ses journées à arpenter le sable doré de la plage, à regarder les vagues s’y briser, et, quand l’envie l’en prenait, il y faisait un peu de surfing. Il passait ses soirées à déguster toutes sortes de boissons, d’une terrasse à l’autre, et à y écouter de jeunes Français en pantalons de velours qui chantaient de vieilles ballades populaires en s’accompagnant de guitares. Il sentit son goût s’adapter à ces cigarettes acres et à la saveur des pastis : leurs parfums faisaient partie de l’air du temps.

C’était une vie paisible dont l’ultime folie consistait en quelques occasionnelles passes à la roulette du casino. La véritable roulette russe qu’était sa vie, son avenir, disparaissait chaque jour un peu plus de son esprit. Jusqu’à ce que…

Il revenait à l’auberge pour dîner et il lui fallait passer près de la table de cette jeune femme, afin de pouvoir rejoindre la sienne. Et les tables étaient très proches les unes des autres dans ce petit restaurant.

— « Pardonnez-moi, madame, » dit-il en son français hésitant. Puis, telle était son incertitude dans ce langage et son usage qu’il ajouta le suffixe -oiselle, rendant ainsi la tournure grotesque. Un visage entouré de cheveux blonds se tourna vers lui, des yeux d’ambre le regardèrent. Des lèvres rouges s’épanouirent en un chaud sourire.

— « Je vous en prie, » dit-elle.

Au bar, après le dîner, un seul tabouret était libre et c’était à côté d’elle.

— « C’est libre ? » demanda-t-il.

— « Bien sûr, » répondit-elle en anglais avec un pur accent, britannique.

Ce fut aussi simple que cela.

Et aussi fatal.

Elle s’appelait Etta : Etta Warring. Un de ses ancêtres parlait de cet endroit dans son journal intime. Il était venu là avant la Première Guerre mondiale.

Elle revenait d’un congrès international à Barcelone, elle voyageait en voiture. Elle était docteur en anthropologie.

Il lui dit qu’il était docteur lui aussi, en physique.



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